Quand je propose une Hutte de Sudation, il y a régulièrement des personnes qui découvrent et vivent cette expérience pour la première fois. Lors du cercle de parole, les retours sont divers mais je me rends compte que souvent nous vivons quelque chose de similaire, pour peu que l'on s'ouvre pleinement à ce qui se passe à l'intérieur de soi.
Cela m'a fait récemment repenser à ma propre première fois dans une hutte et j'ai eu envie de vous partager comment je l'ai vécue. C'était il y a longtemps mais c'est encore bien présent dans ma mémoire.

J’ai toujours aimé repousser mes limites et vivre des expériences nouvelles. Alors, quand une amie m’a proposé de participer à un festival de chamanisme, même si je ne savais pas du tout de quoi il s''agissait, j'ai suivi l'appel que j'ai ressenti en moi. Je la remercierai toujours pour cette proposition qui a ouvert mon chemin !
Au cours de ce Festival, des cérémonies de hutte de sudation étaient proposées et j’ai dit oui sans trop réfléchir. Après tout, ce n’était « que » de la chaleur, non ?
Je ne savais pas encore que cette nuit-là allait marquer un tournant dans ma vie.
L’entrée dans la hutte : un passage initiatique
La hutte était une structure simple, faite de bois et de couvertures, posée à même la terre. Avant d’entrer, on nous a rappelé l’importance du respect, du silence et de l’intention. J’étais là pour « lâcher prise », mais je ne mesurais pas encore à quel point ce serait nécessaire.
Dès que les premières pierres incandescentes ont été apportées et que la porte a été refermée, l’air est devenu très chaud. L'obscurité, la promiscuité avec des inconnus quasi nus et la chaleur sont devenus inconfortables pour moi. C’est alors que les chants ont commencé.
Le feu intérieur : entre agonie et abandon
Au fur et à mesure des portes et de l'ajout de nouvelles pierres, la chaleur devenait insoutenable. La sueur coulait en ruisseaux sur ma peau, et mon souffle était court. Une chape de chaleur m’a écrasée, rendant chaque respiration brûlante et plus difficile. Mon esprit criait : Mais qu'est-ce que je fais ici ! J’avais l’impression que mon cœur allait lâcher, que j’allais m’évanouir, peut-être même mourir. J'aurais aimé fuir mais quelque chose m'en empêchait.
Les voix qui s’élevaient dans l’obscurité me portaient. Les chants résonnaient dans mon corps autant que dans mes oreilles. Portés par le rythme du tambour et la ferveur des prières, ils semblaient ouvrir un passage, un fil invisible auquel me raccrocher. Peu à peu, j’ai compris que je devais cesser de résister et me laisser aller. Quel autre choix avais-je ? Lutter ? Me crisper ? Résister coûte que coûte ? La chaleur m'emmenait si loin que cela devenait de plus en plus difficile et je commençais à paniquer.
J'étais au bord de la rupture. Et soudainement, tout a basculé, comme si quelque chose s'arrêtait en moi. En fait j’ai dû abandonner ma lutte intérieure qui devenait vaine, et tout s’est transformé. Quand j’ai arrêté de lutter, un silence intérieur s’est installé. Plus de panique, ma peur a disparu, mon esprit s’est vidé. Juste une présence pure. Mes pensées se sont dissoutes, et une sensation étrange m’a envahi : une sorte de renoncement, comme si j’avais accepté de mourir – et que, dans cette mort symbolique, quelque chose d’autre pouvait naître.
Je ne ressentais plus vraiment la chaleur ! Je ne savais même plus où je me trouvais... L'espace et le temps n'existaient plus. Des frissons parcouraient tout mon corps. Une paix étrange s’est installée en moi, comme si j’acceptais enfin de me laisser traverser par l’expérience, sans résistance. J’ai senti une force plus grande m’envahir, un état de conscience différent, où plus rien d’extérieur n’avait d’importance. A quoi me suis-je connectée à ce moment-là ? Je ne le savais pas, je le découvrais pour la première fois de cette manière.
La renaissance
Quand le rituel s'est terminé et que la dernière porte s’est ouverte, j'étais toujours dans cet état second. En sortant de la hutte j’ai eu la sensation de renaître. J’ai émergé trempée, vidée, et pourtant… vibrante. Je me suis allongée dans l'herbe et je suis restée à observer le ciel et les étoiles... l’air frais a enveloppé ma peau comme une caresse divine. Tout semblait plus vivant : les étoiles brillaient d’une lumière surnaturelle, chaque son était plus net, chaque souffle plus précieux. Je n’étais plus tout à fait la même.
La hutte m’avait avalée, consumée et recrachée. Pas comme une version améliorée de moi-même, mais comme une version plus vraie. Moins attachée à la peur, plus connectée à l’instant. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, car sur le festival nous étions livrés à nous-mêmes. Je me sentais complètement reliée à l'Univers et c'était si bon comme sensation !
Depuis cette nuit-là, la hutte de sudation est devenue une pratique essentielle dans ma vie. J’y suis revenue régulièrement, non plus avec peur, mais avec une forme de respect et d’excitation. A chaque fois j'ai lâché quelque chose : des peurs, des croyances, des blessures de mon passé...
Je sais que, lorsque la chaleur deviendra presque insupportable, ce sont les chants et les prières qui aideront à lâcher prise. À chaque fois, je traverse un feu intérieur qui me dépouille de ce qui ne m’appartient plus et me reconnecte à l’essentiel, à mon Essence, au Divin.
C’est un rituel de renaissance, encore et encore. Une mort symbolique pour renaître, à chaque fois un peu plus proche de moi-même et que j'ai plaisir à partager et à faire découvrir à celles et ceux qui le souhaitent !
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